• Aborigènes d'Australie

    Aborigènes d'Australie



    Les Aborigènes d'Australie sont les premiers humains connus pour en avoir peuplé la partie continentale. Ils constituent, avec les indigènes du Détroit de Torres, la population autochtone de l'Etat océanien. (Le mot commun aborigène désignant plus généralement celui dont les ancêtres sont les premiers habitants connus de sa terre natale.)

    Origines

    Les Aborigènes sont probablement venus des îles d'Indonésie sur des embarcations, l'Océanie (Australie + Nouvelle Guinée) n'ayant jamais été rattachée à l'Asie[1]. Il existe plusieurs théories à ce sujet. L’une d’elles avance qu’ils seraient arrivés sur le continent par le nord via le Timor il y a 40 000 ans. Une autre suggère qu’ils sont venus par un passage de basse mer entre la Nouvelle-Guinée (banc de Sahul) et l'Australie, alors que la masse immergée des continents était moins importante. Ces deux théories ne sont pas exclusives et il est aussi possible que plusieurs vagues humaines soient arrivées à différents moments ou en même temps sur des points géographiques du continent.

    Les preuves scientifiques et archéologiques démontrent que l’occupation humaine, selon le lieu géographique du continent, date au maximum d'il y a 175 000 ans (date contestée), avec une moyenne fixée à 40 000 ans environ.

    Les Aborigènes ont développé en autarcie une culture fruste mais spirituellement très riche.


    Démographie


    Ils étaient environ 750 000 avant la colonisation (les premiers colons britanniques sont arrivés en 1788), peut-être même plus. Dès la colonisation, les Aborigènes ont été décimés par les massacres, les épidémies et les empoisonnements[2] ; ils ont été confinés dans des réserves sur les terres les plus pauvres. Le premier recensement des Aborigènes n'eut lieu qu'en 1967[3]. De nos jours, ils seraient un peu plus de 450 000, représentant 2,3 % de la population australienne. Leur espérance de vie est de 17 ans plus faible que celle des autres Australiens[4]. Le pays aborigène représente 10 % du territoire australien en 2007

    Distribution des aborigènes par État :

    Nouvelle-Galles du Sud : 109 900
    Queensland : 104 800
    Australie occidentale : 56 200
    Australie méridionale : 22 100
    Territoire du Nord : 51 900
    Victoria : 22 600
    Tasmanie : 15 300
    Jervis Bay : 3 100
    Depuis la restitution des terres de 1976, de nombreux Aborigènes sont retournés vivre sur les lieux de vie de leurs ancêtres – homeland – desquels ils avaient été chassés.

    Ces homelands sont, selon eux, leur identité intrinsèque, lieu des origines, lieu de vie de leurs ancêtres et de leur groupe familial. Ils sont donc pour la plupart concentrés dans les régions septentrionales du pays. Beaucoup vivent dans des réserves appelées « communautés » : il en existe 70 dans les Territoires du Nord[2]. Ces groupes subissent les fléaux de l'alcool et de l'acculturation. Certains sont mieux assimilés dans la population issue de l'immigration.


    Langue


    Article détaillé : Langues aborigènes d'Australie.
    On estime qu'à l'arrivée des Britanniques sur le continent, il existait au moins 250 langues en Australie, regroupées en 27 familles linguistiques et réparties en des centaines de dialectes (700 communautés linguistiques[2]). Dans certains cas, une langue ou un dialecte n'était parlé que par une tribu ou un groupe régional, dans d'autres plusieurs groupes régionaux ou tribus parlaient des dialectes d'une même langue. De nombreuses langues ont disparu aujourd'hui, d'autres sont encore parlées par un petit nombre de locuteurs. D'autres encore sont des langues véritablement maternelles et certains groupes ne parlent que très mal l'anglais ou le pidgin et communiquent essentiellement dans leur langue aborigène. Les langues qui sont encore largement parlées aujourd'hui et qui ne sont pas en voie de disparition immédiate sont au nombre de 30 environ. Le nombre de locuteurs d'une langue australienne oscille souvent autour de 100 à 500. Voici quelques langues à titre d'exemples :

    l’alyawarra (1500) dans le Territoire du Nord et le Queensland
    l’anindilyakwa (1000) dans le Territoire du Nord et le golfe de Carpenterie
    l’arunta de l’Ouest (1000) et l’arunta de l’Est (1500-2000) dans le Territoire du Nord
    le kala lagaw (3000-4000) dans les îles du détroit de Torres et dans le Queensland
    le murrinbata (1000) dans le Territoire du Nord
    le pitjantjara (2500) dans l’Australie méridionale
    le warlpiri (3000) dans le Territoire du Nord
    le wik-mungkan (1000) dans le Queensland
    le wati (5000) langue du Désert de l'Ouest, en Australie-Occidentale, Territoire du Nord et le Australie-Méridionale
    Dans le nord de l'Australie, un créole d'anglais est apparu dans la première moitié du XXe siècle et s'est propagé dans les régions adjacentes. Ce créole, appelé "kriol", est aujourd'hui la langue maternelle d'environ 15 000 personnes, essentiellement dans la région du Top End. Il ne s'agit pas d'une langue de contact (ou "pidgin", langue véhiculaire limitée aux contextes d'échanges entre des groupes) mais bien d'une langue à part entière, que ses locuteurs considèrent souvent comme une langue aborigène au même titre que les langues plus anciennes. Une proportion importante de ses éléments lexicaux est empruntée de l'anglais, mais le vocabulaire spécifique (faune et flore, termes de parenté...) renvoie aux langues aborigènes. Le système de conjugaison et la grammaire sont relativement simples, comme c'est le cas dans de nombreux créoles. Dans les régions où le kriol est devenue la langue maternelle des communautés, les autres langues aborigènes sont souvent menacées d'extinction.

    Certains mots des langues aborigènes sont passés dans la langue australienne (principalement des noms d'animaux, de plantes ou de lieux) : kangourou, koala, Uluru (appelé par les anglophones Ayers Rock), billabong...


    Organisation du territoire


    Les discussions et controverses sur l'organisation sociale et territoriale des Aborigènes ont été nombreuses, surtout parmi les anthropologues. Sommairement, il est néanmoins possible de dire que les Aborigènes étaient, et pour une partie sont encore aujourd'hui, organisés en tribu. Une tribu est un ensemble de personnes qui adhèrent à un même ensemble de règles et normes coutumières, qui vivent sur un territoire plus ou moins délimité, qui parlent une langue commune et qui se marient normalement entre eux. La taille des tribus australiennes est variable. Certains groupes ne comptaient qu'une centaine de membres, comme les groupes dialectaux du Désert de l'Ouest, d'autres, comme les Warlpiri ou les Aranda, comptent plusieurs milliers de personnes.

    Les tribus sont souvent divisées en clans. Un clan est un groupe de descendance dont les membres disent descendre d'un même ancêtre (réel ou mythique). Les hommes d'un clan épousent normalement une femme d'un autre clan. Ce principe ou règle de mariage est appelée l'exogamie. Les clans australiens peuvent être matrilinéaires, c'est-à-dire que l'appartenance au clan est déterminée en ligne maternelle, mais la majeure partie des clans sont patrilinéaires, c'est-à-dire que c'est l'appartenance clanique du père qui détermine celle de ses enfants.

    Mais si un clan est souvent le propriétaire d'une partie du territoire tribal, il n'en est pas forcément l'exploitant. Il n'y a en Australie pas forcément coïncidence entre groupe de propriétaires et groupe de résidents, c'est-à-dire ceux qui nomadisent ensemble, qui chassent et collectent ensemble, etc. Ce groupe de résidents a souvent été appelé horde, bande ou, mieux, groupe local. Selon certaines formules anthropologiques génériques, notamment provenant de l'anthropologue Radcliffe-Brown, le groupe local est le clan moins les femmes qui sont parties se marier dans d'autres clans, plus les femmes qui se sont mariées avec des hommes du clan.

    Cette vision est considérée aujourd'hui comme trop simpliste, l'organisation territoriale étant souvent une question de négociation et d'adaptation permanente, où les membres des clans migraient et déménageaient souvent entre les différents groupes locaux.


    Culture
    Article détaillé : Temps du rêve.

    Peintures Aborigène
    Article détaillé : Art des aborigènes d'Australie.
    Les Aborigènes sont de remarquables peintres, sur écorces dans les Territoires du Nord, sur tissus et toiles dans la partie du désert central. Les dessins et figures qu'ils peignent ont tous une signification bien particulière apparentée à la mythologie du rêve et pouvant être assimilée à une forme d'écriture. À l'exception des peintures rupestres, la plupart des œuvres aborigènes étaient éphémères : peintures corporelles, dessins sur le sable, peintures végétales au sol... À partir des années 1970, les Aborigènes ont abordés la peinture acrylique sur toile. Les œuvres aborigènes évoquent souvent le temps du rêve qui relate le mythe de la Création selon leur culture. En 2007, le tableau d'Emily Kngwarreye, Earth's Creation s'est vendu pour l'équivalent de 672 000 euros[2].


    Musique


    Un didgeridoo, ou yidakiLes Aborigènes ont développé des instruments très particuliers. Le yidaki ou didgeridoo est considéré comme l'instrument le plus représentatif des Aborigènes et certains avancent qu'il est le plus ancien des instruments à vent. Cependant, seuls les Aborigènes de l'Arnhem land en jouaient comme les Yolngu. De plus, seuls les hommes pouvaient en jouer. Actuellement, les musiciens aborigènes sont connus pour leur pratique du Rock and Roll, du hip hop et du reggae. L'un des groupes les plus connus est Yothu Yindi qui est reconnu comme le fondateur du rock aborigène.


    Bush Tucker


    Le "Bush Tucker" est un terme australien qui désigne l'ensemble des espèces animales et végétales natives d'Australie permettant à l'homme de se nourrir dans la nature. La connaissance de ces ressources fait partie intégrante de la culture aborigène. Le "Bush Tucker" est aussi le statut porté par l'homme de la tribu s'occupant de la cueillette et de la chasse, ce qui fait de lui un être au dessus des autres membres de sa tribu.


    Notes


    ↑ Le pont océanique qui reliait au quaternaire les îles d'Indonésie était coupé au moins entre les îles de Sumbawa et Florès, ainsi qu'entre Alor et Timor; de même les Moluques et la Nouvelle-Guinée étaient isolées du reste de l'archipel
    ↑ a  b  c  d  Germaine Greer, « Les Blancs n'ont rien compris », dans The Guardian, article repris dans Courrier international n°887, 31-10 au 07-11-2007, p.32-36
    ↑ Chris Graham, « Une communauté invisible », dans National Indigenous Times, article repris dans Courrier international n°887, 31-10 au 07-11-2007, p.35
    ↑ Chris Graham, « Dix-sept ans de moins d'espérance de vie », dans Courrier international n°887, 31-10 au 07-11-2007, p.36


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :