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Par seb90 le 19 Juin 2008 à 18:59
LE VAUDOU
Les origines
Le vaudou qui signifie en langue fon "Culte des esprits" tire ses racines des pratiques religieuses et magiques africaines associées au culte catholique. En effet aux XVI ème siècle, pour pallier à la disparition des indiens en tant que main duvre des millions esclaves africains vont être déportés dans les colonies du Nouveau Monde et notamment sur lîle de St Domingue (qui deviendra plus tard Haiti). Cest là que naquit le Vaudou. Sous linfluence et loppression des colons, les esclaves métissèrent leurs traditions africaines du culte catholique. .
Très vite les réunions secrètes se multiplièrent dans les champs de coton, les forêts et les grottes. Il nétait alors pas rare dentendre sélever, à la nuit tombée, détranges psalmodies chantées au rythme des tambours. Le Vaudou peu à peu devint un outil de cohésion entre les esclaves, une communion spirituelle et sociale dans la résistance face à lesclavage. A tel point que ce fût lors de la cérémonie de « Bois Caïman » que fût prêté le serment qui donnera lieu à la première grande insurrection à Haïti.
Par la suite avec la proclamation de la première république noire de Haiti en 1804 et les migrations des esclaves le Vaudou dépassa les frontières des Caraïbes. Cest à cette époque que la Nouvelle Orléans devint la place forte du Vaudou aux Etats Unis. Avant 1803 la Louisiane appartenait à la France. Les colons français, témoins de ce quil sétait passé à Haiti, interdirent toute importation desclaves venant des Indes Occidentales. Mais la louisiane fût rachetée par les américains qui levèrent lembargo. Les esclaves des Indes affluèrent alors à la Nouvelle Orléans. Certains étaient libres, affranchis ou esclaves en fuite. Dautres sont arrivés avec leurs maîtres qui fuyaient la révolte. Ils amenèrent le Vaudouisme.
Les premiers lieux de rassemblement seront le Bayou de St.John et les abords du lac Ponchartrain à la Nouvelle Orléans, lieux qui demeureront célèbres pour leur cérémonies. Dès 1817, les maîtres desclaves commencèrent à craindre ces rassemblements, tout rassemblement fût alors interdit en dehors de zones et dhoraires bien déterminés, en loccurrence les dimanches après midis au Square Congo. Les esclaves et les affranchis y faisaient des simulations de leurs danses vaudous devant les tenants de la société créole. Bien sûr parallèlement ils continuaient à se retrouver en secret pour pratiquer le véritable Vaudouisme. Vers 1830 apparût une reine vaudou, probablement la plus connue des grande prêtresses,Marie Laveau. Elle dirigea le Vaudouisme à la Nouvelle Orléans durant plusieurs décennies.
Aujourdhui le Vaudou a atteint un rayonnement mondial, même si il reste prédominant dans les caraïbes, et dans certains pays dAfrique comme le Bénin. Encore de nos jours, le Vaudou est craint et souvent vu comme une religion diabolique. Ceci sexplique déjà par le contexte de lépoque où est né le Vaudou. Les grandes religions du monde voient souvent dun mauvais il les pratiques religieuses non conformes à leurs dogmes et ont , pour la plupart, souvent adoptée une stratégie dexpansion. De ce fait lessor du Vaudou dans les colonies aux XIXème siècle était perçu comme un danger pour lévangélisation du Nouveau Monde, d'où la diabolisation de ces rites. La seconde raison à cette mauvaise réputation vient du fait que le Vaudou ,de par ses mystères et les peurs quils pouvait engendrer, fût un sujet qui inspira énormément de fictions hollywoodiennes, lesquelles montraient ses aspects les plus extrêmes et les plus sombres.Les croyances
Polythéiste ou monothéiste ?Il y a dans le vaudou tout un panthéon desprits nommés loas. Lors des cérémonies ce sont ces esprits qui sont invoqués. Mais au dessus il y aurait Dieu ou le « Grand Maître », démiurge suprême qui serait le début et la fin de tout ce qui existe. Si son nom est souvent invoqué dans la vie quotidienne, il ne lui est rendu aucun culte, car placé au fondement même de la symbolique des esprits, il en constitue la réserve. Ainsi les loas seraient léquivalent des Saints de la religion catholique (il est dailleurs troublant de voir à quel point beaucoup de ces loas correspondent à des Saints du catholicisme) , à savoir des intermédiaires entre lhumain et le divin . Dieu est ici le grand Architecte de lUnivers et il est considéré par les vaudou comme la même entité que celle des autres religions monothéistes , une entité Universelle existant par delà les dogmes et les interprétations religieuses. Ainsi pour les Vaudouisans toutes les religions monothéistes sadressent à la même et seule entité, et sont par là même en droit d'être respectées.
De plus au niveau des rites, le calendrier vaudou est adapté selon celui de lEglise Catholique. Des sa naissance le vaudouisant , après son baptême catholique est placé sous la protection de son lwaracine, esprit tutélaire de sa famille.Plus tard il devra subir les épreuves de linitiation.Il devra alors servir un esprit spécial, le lWa-me te t(loa maitre tête), qui aura pour charge dassumer la direction de sa vie. Les loas sont parfois représentés sous formes dancêtres disparus, dhumains à visages danimaux ou de Saints de la mythologie chrétienne. Ils sont terrestres mais invisibles, ils logent dans les éléments naturels : les arbres, les rivières, les montagnes, le tonerre, la tempête, le feu , leau, lair.
Les loas sont divisés en deux groupes , ceux du culte Rada, et ceux du culte Petro. Les loas rada viennent de la tradition africaine et sont de nature bénéfique et bénigne. Les loas petro sont apparus à lépoque de lesclavage et ont une connotation beaucoup plus ambivalente et obscure.
Papa Legba est lun des principaux loas. Il est le maître des carrefours, il garde lentrée des temples, la croisée des chemins. Cest le premier loa à être invoqué lors des cérémonies car cest celui qui ouvre les portes de la communication avec les autres loas. Versatile, parfois colérique, il peut être tout à tour protecteur ou maléfique. On le représente parfois sous les traits de Saint Pierre, qui garde les clefs du Paradis. Il vit sur les routes ou les croisements, où il apparaît sous les traits dun vieillard boiteux en haillons. On lui offre du riz, des bananes et des coqs, sa couleur est le rouge.
Un autre loa de première importance est Baron Samedi. Il est le chef des Gédés qui sont les loas de la mort, sa femme est la Grande Brigitte. Il est souvent représenté en habit noir et en chapeau haut de forme en train de fumer le cigare en buvant du rhum. Les cérémonies de magie et de sorcellerie qui lui sont consacrées ont lieu dans les cimetières ou à la croisée des chemins. On lui sacrifie boucs et coqs noirs, son attribut est une croix noire et ses couleurs sont le noir et le violet.
Erzulie est le loa de lamour. Son domaine est lamour sous toutes ses formes, aussi bien psychique que charnel. Elle apparaît souvent sous les traits de la Vierge Marie. Mais elle est provocatrice et sensuelle, mi madone mi prostituée. On lui offre des parfums et des objets de toilettes. Son symbole est un cur multiple et un miroir.
Damballah est lun des loas les plus anciens. Il est représenté sous forme dune couleuvre blanche. Cest un loa bénéfique , sa femme est Aïda Wedo qui a les mêmes champs daction que son mari. Il habite dans les sources et les rivières et son symbole est une couleuvre arc en ciel. On lui offre tout ce qui est blanc :des poules blanches, du riz, du lait, des ufs , de la farine.
Ogoun a pour attribut des cornes de taureau. Il représente laspect guerrier. Il aime recevoir en offrande des coqs rouges, parfois un buf. Ses adeptes portent un foulard rouge. Le feu est son élément mais il est aussi le loa de la fertilité.
Les loas Jumeaux (ou loas loa Marassa) sont parfois représentés sous les traits de Saint Côme et Saint Damien.Ils symbolisent lharmonie première, lunion originelle du ciel et de la terre , du jour et de la nuit, ils réunissent les contraires. Ils sont instables et peuvent être destructeurs.
Le Vaudou compte une multitude dautres loas,et au fur et à mesure du temps en apparaissent d'autres.En effet le Vaudou s'adapte aux différentes époques et intègre certaines croyances d'autres religions. Ceci peut sexpliquer par le fait quil ny a pas véritablement de dogmes, et que les croyances y ont été transmises essentiellement par voie orale, même si certains textes, comme la Kabbale ou la Bible, sont utilisés.Les rites
L'un des moments essentiels est la cérémonie. C'est durant ce moment que vont être invoqués les loas.Le rite se fait au sein d'un hounfor(temple vaudou) et est dirigé un Houngan(prêtre vaudou) ou son équivalent féminin la Mambo.Le Hougan et la Mambo sont souvent munis d'une calebasse emplie de vertèbres de couleuvre qui les différencie des autres pratiquants.La cérémonie se déroule en deux temps principaux:l'appel des loas et le sacricice. Avec le Houngan et la Mambo, les initiés sont les principaux acteurs de la cérémonie. Ils ont divers rôles : musiciens,danseurs,commanditaire, sacrificateur,spectateurs.
On sacralise l'espace par le rite du jétédlo(jeté de l'eau),la disposition des objets sacrés vers les quatre points cardinaux et la parade des drapeaux.Au milieu du lieu de cérémonie se trouve le poteau mitan, mât décor des signes loa, symbole de la communication entre le monde céleste et le monde terrestre:le poteau mitan symbolise l'axe du monde.Au pied du poteau mitan, sur un socle, sont rassemblées les offrandes,différentes selon le loa invoqué. Au sol sont dessinées,autour du poteau mitan, à la craie, avec de la farine, du plâtre ou du marc de café les symboles des loa : les vèvè. D'autres signes sont souvent peints sur le poteau mitan, accompagnés d'objets accrochés, notamment des feuilles de palmier royal destinés à chasser les mauvais esprits.
Puis les tambours,éléments essentiels et symboliques du rite,semettent en place.Les tambours font battre à l'unisson les coeurs des initiés et ceux des loas,les deux mondes entrent alors en contact par les prières, les danses, la musique et les libations.
Les loas sont sensés se nourrir et bien boire à leur arrivés afin d'être disposés à aider ceux qui sollicitent leur aide. Des mets divers et des liqueurs les attendent. Arrive alors le moment du sacrifice. On prépare l'animal en l'habillant de symboles multiples, en le nourrisant et en le parfumant avec des potions préparées par le Houngan. Le rythme des tambours s'accélère et se fait plus intense, emportant les initiés dans une transe spirituelle.Une fois l'animal égorgé,le sacrificateur goûte à son sang et les initiés y trempent leurs mains. L'animal est alors présenté, offert symboliquement aux loa,face aux quatre points cardinaux.Les chants et danses redoublent de puissance,les vèvès préalablement déssinés sur le sol sont sensés appeller les loas.
C'est alors que survient le sommet de la cérémonie. Le loa entre dans le corps de l'un des initié, on dit qu'il le chevauche. Il se met à danser avec frénésie, différemment selon le loa invoqué. Le loa ne partira pas tout à fait,après la cérémonie, un lien se crééra entre l'initié et l'esprit, pour toute sa vie.Vases,bouteilles,colliers,bougies,pierres sacrées,pots,paquets magiques,poupées, ficelles de toutes couleurs entassés sur un autel.Ce sont des wangas,ils sont destinés à capter les esprits,bénéfiques, maléfiques ou protecteurs."Wanga"signifie fétiche. Ce sont bien souvent des objets ayant une fonction particulière.Certains peuvent avoir pour rôle de protéger une personne ou d'influer sur sa vie de façon bénéfique,d'autres d'influencer les éléments.Les fameux gris-gris sont également utilisés,ce sont en général de petit sac en cuir porté autour du cou et contenant une mixture contenant divers éléments (poivre de cayenne,brique en poudre,cheveux,peau de serpent etc..).
Si les Houngan recherchent avant toutla communion spirituelle par le respect des équilibres et l'osmose avec la nature et les différentes formes de vie, il existe des prêtres nommés Bokor, qui eux se livrent,dans le but de nuir, à une forme de magie noire .C'est cette dernière qui,même si minoritaire chez les véritables pratiquants vaudou,a le plus marqué l'inconscient collectif. Ce qui différencie un Bokor d'un Houngan est essentiellement la pratique de l'envoutement,notamment par l'utilisation de poupées vaudou.Même si en réalité ces dernières font davantage parti du folklore que véritablement du Vaudou par lui même. Il est d'ailleurs amusant de voir que cet aspect du Vaudou est celui qui vient en premier dans l'esprit des gens lorsqu'on leur parle de Vaudou.. mais ce genre de poupées existaient bien avant la naissance du Vaudou. Dans la France du Moyen-Age des poupées en cire traversées d'aiguilles pour nuir à autrui étaient déjà utilisées.Ces poupées ne seraient elles que des Vestiges du colonialisme importées par les européens? Il n'en demeure pas moins qu'elles sont utilisées dans le Vaudou, mais cette pratique est plus de l'ordre du Hoodoo(Partie folklorique et sorcellerie) que véritablement du Vaudou pure en tant que religion. Une autre pratique assez connue est la zombification.Le bokor fait jeter au visage de la victime une poudre la plongeant dans une profonde léthargie proche de la mort.Le but est de ralentir les fonctions vitales au maximum,ce qui donne tous les symptômes de la mort clinique.Dans la conception de cette drogue intervient egalement, pour le folklore (?) des os broyés en poudre de préférence ceux d'un ou d'une sorcière, lézards, ver polychète, plantes, mais aussi la Tétradotoxine issue du poisson globe qui a un grand rôle dans la composition de cette poudre.Tenue pour morte la victime est enterrée,puis exhumée le soir même par un sorcier qui lui administre un contre poison.L'individu reste plongé dans un état de catalepsie, dû à la faible oxygénisation de son cerveau.Le bokor se servirait ainsi de ce zombi comme esclave. Il existe à Haïti des sociétés secrètes telles que Bizango ou le Cochon Gris,constituées de Bokors, exercant ce genre de pratique ainsi que le sacrifice humain.Il est difficile de savoir si de telles affirmations sont fondées, il n'en reste pas moins que ces sociétés secrètes instaurent un climat de terreur bien réel au sein de la population haitienne.
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