•  Controverse : la cryptozoologie est elle une science ?

    La majeure partie de la communauté scientifique ne voit dans cette discipline qu'une pseudoscience, similaire à l'ufologie ou à la parapsychologie. La question de fond est de savoir quel est le statut épistémique d'une discipline étudiant des animaux dont on ne disposerait d'aucune trace formelle. S'il est légitime pour une discipline telle que la sociologie d'étudier les folklores liés aux visions de créatures folkloriques, une discipline ayant pour objet d'étudier non plus les témoignages en tant que témoignages, mais bien ces créatures folkloriques elles-mêmes (dans l'espoir qu'elles existent réellement) est-elle légitime ?

    La principale raison pour laquelle une grande partie de la communauté scientifique considère que l'existence du Bigfoot, du monstre du Loch Ness ou du Mokèlé-mbèmbé est plus qu'improbable est qu'aucune preuve robuste de leur existence n'a jamais été fournie à ce jour (une preuve robuste de l'existence du Bigfoot, par exemple, serait un spécimen de Bigfoot vivant ou mort examinable par l'ensemble de la communauté scienfifique, par opposition à des empreintes de pied, des photos ou des films qui peuvent être potentiellement des contrefaçons. Curieusement il est bon de noter qu'une telle preuve n'est pas exigée pour la reconnaissance d'autres animaux. Cela dit faut-il encore que cette même communauté accepte d'examiner les preuves qu'elle réclame une fois que celles-ci lui sont présentées). Si la zoologie et la paléontologie ont été fréquemment confrontées à des contrefaçons (par exemple l'Homme de Piltdown, construit à partir d'un crâne d'Homo sapiens et d'une mandibule d'orang-outan), la cryptozoologie prête également le flanc à ce genre de manipulations frauduleuses, telles que photos truquées ou faux moulages de pas. Les témoignages, enfin, sont par nature des preuves anecdotiques, et ils s'expliqueraient, selon les détracteurs de la cryptozoologie, généralement par des méprises complexes. Ils demandent de toute manière analyse critique et recoupement, qui ne seraient généralement pas fournis, selon eux.

    Citons d'autres animaux mythiques allégués par les cryptozoologues :

    •      Le serpent de mer de Egede (XVIIIe siècle) serait en fait une baleine mâle en érection. Mais quels animaux se cachent derrière les autres témoignages : cétacés inconnus ?
    •      La licorne viendrait de l'observation de rhinocéros indiens, ou de cas tératologiques chez des caprins. Toutes les cornes de licorne figurant dans des collections sont des exemplaires de la défense démesurée du narval mâle, appelé aussi licorne de mer, défense qui est en fait une canine.
    •      Certains observateurs du monstre du Loch Ness auraient en fait aperçu soit une simple vague, soit un phoque égaré, ou encore des arbres gorgés d'eau flottant entre deux eaux … mais il reste plusieurs dizaines d'observations sans explication.
    •      Le rapprochement du Mokèlé-mbèmbé avec un rhinocéros (mais de quelle espèce ?). Il serait également possible que le Mokèlé-mbèmbé soit en fait un animal « composite » issu d'observations d'animaux différents, comme pour la licorne. Mais de quels animaux s'agiraient-ils ? N'y a-t-il pas une ou plusieurs espèces inconnues ?

    L'existence réelle d'animaux que l'on croyait imaginaires, ou tout simplement incroyables et inconnus a fini par être attestée, après des recherches menées par des zoologues. On peut citer parmi d'autres l'okapi, découvert en 1901, le panda géant, à la fin du XIXe siècle, le bonobo, le calmar géant, ou le paon congolais avant la Seconde Guerre mondiale. Certains animaux que l'on pensait éteints ont parfois survécu uniquement dans une zone géographique très précise.


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