• L'écriture maya livre ses secrets

     

    Le 12 juillet 1562, Diego de Landa, évêque du Yucatan, fait allumer un grand bûcher sacrificiel. Il n'entend
    pas brûler des hommes, il veut brûler des livres. "Tous les livres de l'Amérique", résume Charlotte Arnauld,
    du laboratoire Archéologie des Amériques (CNRS et université Paris-I). Seuls trois codex en réchappent : ils
    sont aujourd'hui conservés à Paris, à Madrid et à Dresde. Mais outre la perte documentaire, l'autodafé de
    1562 fait entrer l'écriture maya, utilisée depuis le Ve siècle avant notre ère, en clandestinité. Et il faudra
    attendre plus de quatre siècles pour qu'elle sorte de l'oubli et que les quelques milliers de textes mayas
    parvenus jusqu'au XXe siècle (inscriptions monumentales, textes sur céramiques, stèles, etc.) se remettent à
    parler.

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    Les dernières avancées sur le déchiffrement et l'apport des textes dans la compréhension du monde maya seront au
    centre de la XIIIe Conférence maya européenne, qui se tient à Paris, du 1er au 6 décembre au Musée du quai Branly.
    Outre le colloque scientifique, des ateliers d'épigraphie seront proposés au public afin de sensibiliser à cette discipline
    nouvelle, méconnue en France. Où les glyphes mayas passionnent beaucoup moins que les hiéroglyphes égyptiens ou
    les cunéiformes de Mésopotamie.
    La raison tient peut-être à ce que le déchiffrement de la principale écriture méso-américaine n'a véritablement abouti
    que "tout récemment, dans la fin des années 1990", selon Mme Arnauld. Surtout, il ne s'est pas fondé sur l'éclair de
    génie d'un individu mais, au contraire, sur un long travail pluridisciplinaire, animé de débats et de controverses aussi
    âpres qu'hermétiques.
    Les glyphes mayas n'ont pas leur Champollion. A moins que ce ne soit Diego de Landa lui-même... Car le franciscain ne
    fut pas seulement un allumeur de bûcher. Il fut aussi un explorateur curieux. En témoigne un ouvrage écrit en 1566 à
    son retour en Espagne, Relation des choses du Yucatan, dans lequel il se livre à un minutieux travail d'ethnographe.
    Hélas, le livre se perd et il faut attendre 1862 pour qu'un abbé français, Charles-Etienne Brasseur de Bourbourg, en
    retrouve une copie intègre à l'Académie royale d'art de Madrid. Avec, dessinée et établie par Landa lui-même, la
    correspondance entre l'alphabet latin et un "syllabaire maya".
    Bien sûr, c'eût été trop simple. "Diego de Landa a cru que le système d'écriture maya était alphabétique, ce qui s'est
    avéré faux, raconte le mayaniste Philippe Nondédéo. Mais, malgré cette erreur, cette ‘‘Pierre de Rosette'' qu'il a
    dessinée s'est ensuite avérée essentielle pour le déchiffrement."e siècle, alors que les hiéroglyphes égyptiens et les
    cunéiformes de Mésopotamie abandonnent leurs secrets, on redécouvre les textes des chroniqueurs et missionnaires
    espagnols. "C'est aussi à cette période qu'on comprend le système de numération et de décompte du temps. Les Mayas
    comptent le temps à partir d'une date mythique, origine qu'ils placent en 3114 avant J.-C., dit Mme Arnauld. Cela
    compris, on peut commencer à dater les monuments, mais on ne comprend toujours rien aux textes..." Il faut attendre
    les années 1950 et 1960, pour que trois personnalités apportent des contributions décisives. Au XIX
    C'est d'abord un chercheur russe, Youri Knorosov qui, le premier, entrevoit le caractère dual des quelque 800 glyphes
    mayas - certains pouvant revêtir une valeur syllabique autant qu'une valeur logographique. C'est ensuite un amateur
    allemand, Heinrich Berlin, qui remarque l'existence de glyphes de nature "politique" - qu'il nommera glyphes-emblèmes
    - et dont chacun est associé au nom d'une cité.
    C'est enfin une archéologue américaine d'origine russe, Tatiana Proskouriakoff, qui publie en 1960 une étude montrant
    que les textes ont un caractère historiographique. Sans pouvoir lire les textes, elle identifie des noms de rois, par
    exemple associés à un glyphe d'accession au trône ou de mise en captivité. Banale en apparence, l'avancée est capitale.
    Car le milieu du XXe siècle est traversé par un puissant courant de pensée, soutenu par des mayanistes de renom, selon
    lequel ces textes sur pierre n'ont aucune valeur historique. Qu'ils ne sont au mieux que des séries astronomiques
    absconses.
    "On est aujourd'hui certains que cette vision était fausse", dit Mme Arnauld. Que racontent donc ces textes, dont la
    plupart sont écrits dans trois de la vingtaine de langues mayas ? "Ce sont souvent des livres de divination, des
    prophéties, des règles de bonne gouvernance, des cycles lunaires qui peuvent faire penser à nos vieux almanachs", dit
    M. Nondédéo.
    Depuis les années 1990, lire le maya a permis de mieux comprendre l'organisation politique des Basses-Terres pendant
    la période classique (300 à 900 de notre ère). Celle-ci s'articule autour de deux grandes cités rivales, Tikal et Calakmul,
    chacune pouvant activer, en cas de nécessité, un réseau de cités alliées. Mais si le déchiffrement est aujourd'hui
    considéré comme acquis, les difficultés d'interprétation de certains textes demeurent considérables. "En 695, à l'issue
    d'une guerre entre les deux cités, le roi de Tikal dit avoir fait prisonnier son rival de Calakmul, illustre M. Nondédéo.
    Problème : on a retrouvé la tombe du roi de Calakmul, au milieu de sa cité... Il fallait en réalité comprendre que le roi
    de Tikal avait fait prisonnier le bouclier de son ennemi !"


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  • Le calendrier Maya


    Le calendrier maya date probablement, du premier siècle av. J.-C. Le calcul des prêtres mayas était si précis que la correction de leur calendrier est de dix-millième de journée plus exacte que le calendrier en usage actuellement dans le monde.

     


    Le calendrier maya date probablement, dans sa forme finale, du premier siècle av. J.-C. et il serait le produit de la civilisation olmèque. Le calcul des prêtres mayas était si précis que la correction de leur calendrier est de dix-millième de journée plus exacte que le calendrier en usage actuellement dans le monde.

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    De tous les anciens systèmes de computation du temps, ceux des Mayas et les autres systèmes méso-américains sont les plus complexes et les plus détaillés. Leur mois était de 20 jours et l'année civile était double : un cycle sacré de 260 jours, dénommé Tzolkin, et l'année vague de 365 jours, ou Haab. Ces deux calendriers coïncidaient tous les 52 ans. Cette période de 52 ans était désignée sous le nom de «faisceau» et elle représentait pour les Mayas l'équivalent d'un siècle pour nous.

    Le cycle sacré de 260 jours est composé de deux cycles plus courts : les chiffres 1 à 13, et 20 noms de jours différents. Le nom de chaque journée est représenté par un dieu qui transporte le temps à travers le ciel, marquant ainsi le passage du jour à la nuit. Les noms des jours sont les suivants : Imix, Ik, Akbal, Kan, Chicchan, Cimi, Manik, Lamat, Muluc, Oc, Chuen, Eb, Ben, Ix, Men, Cib, Caban, Eiznab, Cauac et Ahau. Certains de ces noms renvoient à des divinités animales comme Chuen (le chien) et Ahau (l'aigle); certains archéologues ont fait remarquer que la séquence des animaux chez les Mayas est parallèle à celle des signes lunaires du zodiaque de nombreuses civilisations de l'Orient et de l'Asie du Sud-Est.

    Selon la formule du tzolkin de 260 jours, le temps n'est pas linéaire mais il évolue en cercles concentriques semblables à une spirale. Les deux cycles de 13 et de 20 s'entremêlent et se répètent sans cesse. Le calendrier commence donc par 1 Imix, 2 Ik, 3 Akbal, et ainsi de suite jusqu'à 13 Ben, après quoi il enchaîne avec 1 Ix, 2 Men, etc. Dans ce contexte, le jour Imix devient 8 Imix. Le dernier jour de ce cycle de 260 jours est le 13 Ahau. Personne ne connaît au juste l'origine de ce calendrier inusité. Le cycle de 260 jours peut regrouper plusieurs événements célestes, y compris la configuration de Mars, les apparitions de Vénus, les saisons d'éclipse et même l'intervalle entre la conception et la naissance des humains.

    Le calendrier de 260 jours servait à déterminer les activités importantes liées aux divinités. On l'utilisait pour nommer les personnes, prédire l'avenir et décider des dates propices aux grands événements comme les combats ou les mariages, par exemple. Chaque journée comportait ses augures et ses associations et la cadence inexorable des 20 jours évoquait une machine de prédiction de l'avenir guidant la destinée des Mayas.

    L'année vague, ou haab, de 365 jours était semblable à notre calendrier moderne; elle comportait 18 mois de 20 jours chacun et se terminait par une période de cinq jours. Le calendrier profane de 365 jours se rapportait surtout aux saisons et à l'agriculture et était basé sur le cycle solaire. Les 18 mois mayas étaient les suivants, dans l'ordre : Pop, Uo, Zip, Zotz, Tzec, Xuc, Yaxkin, Mol, Chen, Yax, Zac, Ceh, Mac, Kankin, Maun, Pax, Kayab, Cumku. La période de malchance, qui durait cinq jours et portait le nom de uayeb, était tenue pour une période critique, marquée par le danger, la mort et le mauvais sort.

    La nouvelle année solaire maya aurait débuté à un moment donné au cours de notre mois de juillet, par le mois maya Pop. Le mois maya de 20 jours débutait toujours par le positionnement du mois, suivi par les jours numérotés de 1 à 19, puis par le positionnement du mois suivant et ainsi de suite. Ce procédé concorde avec la notion maya selon laquelle chaque mois influence le suivant. La nouvelle année maya débutait dès lors par le 1 Pop suivi du 2 Pop et ainsi de suite jusqu'au 19 Pop, après quoi naissait le mois Uo, écrit 0 Uo puis 1 Uo, 2 Uo, etc.

    La combinaison du tzolkin et du haab produisait un cycle de 18 980 jours, correspondant à environ 52 années solaires. La fin de ce cycle de 52 ans était particulièrement redoutée parce qu'il s'agissait d'une période où le monde pouvait prendre fin et où le ciel pouvait s'effondrer si les dieux n'étaient pas satisfaits de la façon dont les humains s'étaient acquittés de leurs obligations.

    Le cycle de 52 ans n'était toutefois pas adéquat pour mesurer le passage ininterrompu du temps à travers les âges. On a donc conçu un autre calendrier appelé le compte long, basé sur les unités suivantes de temps : un kin (un jour); un uinal (un mois de 20 kin); un tun (une année de 360 kin ou 18 uinal); un katun (20 tunes); un baktun (20 katunes ou 400 ans). Il y avait aussi des unités de temps plus longues comme le pictun, le calabtun, le kinchiltun, et le alaun. Chaque alaun équivalait à 64 millions d'années.

    Il y a deux façons de dater un événement d'après les calendriers mayas. Le compte long est calculé à partir du cycle actuel de la création et il correspond à notre ère. La date de cette création est fixée à l'an 3114 ou 3113 av. J.-C. de notre calendrier moderne. Cette date est le point de départ de tous les calculs subséquents - tout comme nous fixons les dates de notre histoire moderne à partir de la naissance du Christ.

    Pour indiquer une date, le calendrier maya utilisait cinq points de référence dans l'ordre suivant : baktun, katun, tun, uin, kin. On écrivait, par exemple : 9.10.19.5.11 10 Chuen 4 Kumku, ce qui correspond à 9 baktuns (1 296 000 jours), 10 katuns (72 000 jours), 19 tuns (6 840 jours), 5 uinals (100 jours), 11 kin (11 jours) ou 1 374 951 jours (environ 3764 années solaires) depuis le début de la dernière Création qui se situe dans le cycle du calendrier maya à la position 10 Chuen, 4 Kumku - ou aux alentours de notre année 651 ou 652 apr. J.-C.

    Un des rôles les plus importants du calendrier n'était pas de fixer les dates avec précision dans le temps, mais d'établir une corrélation entre les actions des chefs mayas et les événements historiques et mythologiques. Les faits et gestes accomplis par les dieux durant les journées mythiques étaient reproduits par les chefs mayas, souvent le jour anniversaire de l'événement - une date qui était soigneusement calculée par les prêtres mayas. Le calendrier servait aussi à désigner le moment des événements passés et futurs. Certains monuments mayas, par exemple, consignent les dates des événements qui se sont produits 90 millions d'années auparavant, tandis que d'autres prédisent des événements qui auront lieu 3000 ans plus tard.

    Le calendrier prédisait aussi l'avenir comme c'est le cas pour notre calendrier du zodiaque. Les Mayas croyaient par exemple que la date de naissance d'une personne ou le signe sous lequel elle était née déterminait le sort qui lui était réservé sa vie durant. Le nouveau-né était donc sous l'influence d'un dieu particulier tout au long de son existence. Certains dieux étaient plus bienveillants que d'autres et l'on considérait comme chanceux un enfant né sous d'heureux auspices. L'enfant né sous l'influence d'un dieu moins bénéfique devait toute sa vie s'attirer ses faveurs - surtout durant les périodes inquiétantes comme celle du uayeb de l'année solaire.

    Les savants se sont souvent demandé pourquoi le calendrier maya était si complexe. La raison en est, en partie, qu'il revenait aux prêtres mayas de décider des dates des événements sacrés et du cycle agricole. Il importait donc peu que les gens ordinaires comprennent le calendrier et les prêtres pouvaient le rendre hermétique à souhait.

    L'ancien cycle maya est toujours en vigueur dans le sud du Mexique et dans les hautes terres mayas où les prêtres du calendrier s'affairent encore à effectuer le comput des 260 jours pour les actes de divination et autres activités chamanistiques. Ces prêtres jonglaient avec les cycles du temps et les opérations savantes pour en effectuer le calcul, surtout à propos des dates qui faisaient coïncider des cycles et des nombres. Ils maintiennent aujourd'hui la tradition dans le sud du Mexique et dans les hautes terres mayas.

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    Principaux cycles du calendrier maya

    Les plus importants cycles pour les mayas classiques étaient inscrits dans les séries initiales (dates détaillées en tête de nombreuses inscriptions)

    * le tzolk'in, « année » non numérotée de 260 jours à caractère divinatoire et religieux ;
    * le haab, année vague non numérotée de 365 jours à caractère civil ;
    * le compte long, ou décompte des jours sur une période d'environ 5125 ans (soit 13 baktunob), destiné à la datation des événements historiques (successions, batailles), qui se subdivisait ainsi
    o le kin, jour
    o le uinal, période de 20 kinob (jours)
    o le tun, période de 18 uinalob, soit 360 jours
    o le katun, période de 20 tunob, soit environ 20 ans
    o le baktun, période de 20 katunob, soit environ 394 ans
    * le cycle novénal ou cycle des « seigneurs de la nuit », d'une période de 9 jours ;
    * le cycle des phases de la lune (âge de la lune et numéro de la lunaison).

    Autres cycles de nature calendaire :

    * compte court utilisé à la place du compte long depuis le classique terminal jusque durant l'époque coloniale.
    * cycle sidéral de Vénus.

    Le nombre 20 apparaît fréquemment dans le calendrier, car les Mayas utilisaient un système de numération positionnelle en base 20.

    Le tzolk'in et le haab continuent à être employés par les Mayas quichés.

    Les corrélations entre ces calendriers sont parfaites et sont attestées par toutes les inscriptions mayas retrouvées. Par exemple, on sait avec certitude que le jour appelé 9.12.11.5.18 au Compte long (soit 9 baktun, 12 katun, 11 tun, 5 uinal et 18 kin depuis l'Époque du Compte long) correspond à 11 Yax au Haab et 6 Etznab au Tzolkin (jour de la mort de Pacal Ier, seigneur de Palenque), premier Seigneur de la Nuit.

    Correspondance avec les autres calendriers

    Eric Thompson a proposé, en 1950, sur la base du recoupement de données variées, la corrélation suivante, qui est maintenant la plus adoptée (et qui a été confirmée par diverses autres données ultérieures), entre ces calendriers parfaitement synchronisés et le calendrier occidental actuel : la date 0.0.0.0.0 du compte long correspond au 6 septembre 3114 avant l'ère commune du calendrier julien proleptique, soit la date julienne 584283 (sensiblement à partir du lever du soleil sur un fuseau horaire pour l'Amérique). Cela ferait par exemple de la date 6.12.11.5.18 le mercredi 26 août 683 (au calendrier julien).

    Une autre corrélation décale ceci de deux jours. Encore une autre décale ceci de 260 ans.

    Une interprétation mystique du New Age

    Certains ésotériciens du New Age se sont intéressés au calendrier maya sous l'appellation « calendrier des treize lunes de vingt-huit jours », une reprise du tzolkin. Ils attribuent à chaque kin (jour en maya yucatèque) du calendrier des implications cosmogoniques.

    Ils affirment que le calendrier se « termine » le vendredi 21 décembre 2012, en effet, dans la version actuellement acceptée de la corrélation de Goodman-Martínez Hernández-Thompson, c'est la date à laquelle le compte long a effectué un cycle et recommence depuis 13.0.0.0.0. De même que les Anciens Mayas, ils prévoient que cette date apportera des changements importants, voire pour certains millénaristes la fin du monde. Un épisode (The Truth) de la série télévisée de science-fiction X-Files, s'est inspirée de ces idées : on y voit des extraterrestres coloniser la terre à cette date.


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  • Au désert comme à Jérusalem, l’arche d’alliance est présentée comme le centre nécessaire du culte qu’Israël rend à son Dieu, Yahvé. Elle symbolise la présence réelle de ce Dieu, d’où son caractère sacré qui doit être respecté et protégé à tout prix!

     

    La tradition biblique lui attribue deux fonctions bien distinctes, qui exigent du même coup qu’elle ait aussi deux formes physiques distinctes. Une première fonction est celle d’être le réceptacle des tables de la loi (le Décalogue : Dt 10,1-5), d’une mesure de manne du désert (Ex 16,33) et du sceptre fleuri d’Aaron (Nb 17,10). On comprend qu’elle soit alors décrite comme une sorte de coffret rectangulaire (Ex 25,10); d’ailleurs le mot hébreu employé pour la désigner, arôn, signifie justement « coffret, boîte ».

         La deuxième fonction de l’arche, celle qui est sans doute la plus souvent évoquée, n’est nulle autre que de servir de trône royal à Yahvé. À ce titre, on lui donne même un nom, que l’on proclame lors des cérémonies cultuelles : elle s’appelle « Yahvé sabaoth, trônant sur les chérubim » (1 S 4,4; 2 S 6,2; Ps 80,2; 99,1; etc). On ne sera donc pas surpris de voir que la royauté de Yahvé sera toujours évoquée par ce symbole religieux, bien gardé dans la salle la plus sacrée de son temple, ou son palais; tout le culte qui l’entoure est de ce fait centré sur cette royauté. Isaïe (ch. 6) en est un témoin fulgurant, de même que Jérémie (3,17) et Ézéchiel (43,7). Surtout, il faut rappeler ici la grande liturgie de l’intronisation royale de Yahvé à Jérusalem, quand tout le peuple est invité à proclamer avec éclat et joie : « Yahvé est roi » (Ps 24; 93; 96-99). Cette foi profonde en la royauté lumineuse de Yahvé ne s’explique bien que si l’arche, au nom évocateur, est d’abord comprise comme le trône de Yahvé. Une dernière remarque confirme l’hypothèse, car l’arche est aussi appelée, à quelques reprises, le marche-pied ou le tabouret de Yahvé (1 Ch 28,2; Ps 99,1; 132,7; etc.).

     

     

    Est-ce que l’archéologie peut nous aider à nous représenter concrètement cette arche aux fonctions si diverses? La réponse est sans doute positive. En Syrie-Palestine, depuis le IIe millénaire déjà, les trônes royaux consistaient d’une chaise formée par deux sphinx debout et placés côte à côte, dont les ailes déployées vers le haut servaient de dossier, les pattes, de pattes de la chaise et les têtes, d’accoudoirs. Le roi était donc assis littéralement sur ces êtres mythiques, qui l’enveloppaient en quelque sorte. Cette chronique d’archéologie a déjà parlé de ces sphinx, dont le mot hébreu pour les désigner est kerub (kerubim au pluriel). Une des fonctions du sphinx est précisément la garde des trônes royaux. La figure 1 est une belle illustration d’un de ces trônes, telle que gravée sur une plaquette d’ivoire trouvée à Megiddo, et datant du XIVe siècle avant J.-C. On voit le roi assis sur son trône à chérubim, en présence de la reine et entouré de porteurs d’offrande et d’une joueuse de lyre. On remarque aussi que le roi a les pieds posés sur un tabouret. Des tabourets trouvés en Égypte sont ornés de figures d’ennemis captifs, de sorte que le roi pose littéralement ses pieds sur ses ennemis, de façon symbolique, quand il siège sur son trône; cette image est bien connue du Psaume 110 : « Tes ennemis, j’en ferai ton marchepied. » (v. 1)

     

     Un autre fait très intéressant mérite une mention toute spéciale. En Phénicie on a trouvé plusieurs modèles de trônes à chérubim (ou sphinx) qui étaient destinés à des dieux. Il en est même quelques-uns qui ne permettaient pas qu’on y asseye une figure divine, car le siège était ou trop étroit ou sculpté trop en pente : la divinité y siégeait donc de façon invisible (fig. 2). Parfois, on évoquait le dieu de façon précise en gravant un signe qui l’identifie. Évidemment, un tabouret était nécessairement associé à ces trônes divins.

         Si nous revoyons la tradition biblique sur l’arrière-fond de ces trônes royaux et divins, nous comprenons très bien que l’arche soit décrite comme un siège formé de chérubim. On sait aussi que ce trône devait être vide, puisque Yahvé n’y était pas représenté, ce qui eut été contraire à la loi religieuse d’Israël.

         On comprend aussi fort bien que l’arche soit aussi une sorte de réceptacle rectangulaire, puisqu’un tabouret devait nécessairement être placé devant ce trône, ce que quelques textes, on l’a vu, déclarent explicitement. Il faut surtout évoquer des textes hittites et égyptiens qui déclarent ouvertement que des copies de traités (alliances) internationaux étaient « placés sous les pieds des dieux » : ne serait-ce pas, alors, dans ce tabouret des trônes divins? L’hypothèse est trop belle pour ne pas être formulée avec beaucoup de vraisemblance.

     

    Ecrit par Guy Couturier


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  • L'arche d'alliance

     

    L'Arche d'alliance, en hébreu אֲרוֹן הָעֵדוּת, Aron ha'Edout, "Arche du témoignage" est le coffre qui, dans la Bible, contient les tables de la Loi (Dix Commandements) données à Moïse sur le mont Sinaï.. C'est un coffre oblong de bois recouvert d'or. Le propitiatoire surmonté de deux Kérubim, qui en forme le couvercle, est considéré comme le trône, la résidence terrestre de YHWH (Exode 25:22). Lorsque le tabernacle fut terminé, l'arche fut mise dans le Saint des saints (1 Rois 8:1–8).

     

    Sa description

     

    La description de l'arche se trouve dans la Bible : le récit de l'Exode, au chapitre 25 (parasha Terouma), versets 10 à 21 :

     

    •     Ils feront donc une arche en bois d'acacia, longue de deux coudées et demie, large d'une coudée et demie, haute d'une coudée et demie.
    •     Tu la plaqueras d'or pur; tu la plaqueras au-dedans et au-dehors et tu l'entoureras d'une moulure en or.
    •     Tu couleras pour elle quatre anneaux d'or et tu les placeras à ses quatre pieds : deux anneaux d'un côté et deux anneaux de l'autre.
    •     Tu feras des barres en bois d'acacia, tu les plaqueras d'or
    •     et tu introduiras dans les anneaux des côtés de l'arche les barres qui serviront à la porter.
    •     Les barres resteront dans les anneaux de l'arche, elles n'en seront pas retirées.
    •     Tu placeras dans l'arche la charte que je te donnerai.
    •     Puis tu feras un propitiatoire en or pur, long de deux coudées et demie, large d'une coudée et demie.
    •     Et tu feras deux chérubins en or ; tu les forgeras aux deux extrémités du propitiatoire.
    •     Fais un chérubin à une extrémité, et l'autre chérubin à l'autre extrémité ; vous ferez les chérubins en saillie sur le propitiatoire, à ses deux extrémités.
    •     Les chérubins déploieront leurs ailes vers le haut pour protéger le propitiatoire de leurs ailes ; ils seront face à face et ils regarderont vers le propitiatoire.
    •     Tu placeras le propitiatoire au-dessus de l'arche et, dans l'arche, tu placeras la charte que je te donnerai. »

     

    Parcours


     De la sortie d'Égypte jusqu'à l'entrée des Israélites dans le pays de Canaan, l'arche est portée par les Lévites, qui marchent à trois journées devant les autres tribus. Elle fait partie du cortège qui permet la traversée du Jourdain sous la direction de Josué puis de celui qui permet de faire tomber les murailles de Jéricho, lors de sa conquête racontée dans le livre de Josué.

    Après l'installation des Israélites, l'arche demeure à Guilgal, puis Silo avant d'être placée dans le saint des saints par le roi Salomon.


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